Ingénieur en énergie communicative (11/3/22)
97 ans, jeune retraité enthousiaste
Fermons les yeux. Ecoutons Jean Maupeu nous raconter les petits et grands plaisirs de la retraite, après une vie professionnelle très active.
Enfin, ça y est, le temps de se consacrer au bricolage, à l’ébénisterie, qui le passionne depuis qu’à son départ ses collègues lui ont offert une machine à bois. Ça tombe bien, Jean aime voir les choses en grand, surtout depuis qu’il a racheté une vieille maison à retaper dans son Périgord natal : lits, bibliothèques, escaliers n’ont plus de secrets pour lui.
La retraite ? Jean compte bien en profiter, c’est aussi plus de temps pour se consacrer à la réhabilitation du site du Barry, à Bollène. Il faut l’entendre, Jean, vitupérer contre la prolifération de la végétation qui menace les habitations, ce figuier, par exemple, qui a poussé voici des années sur un toit et dont les racines ont fini par faire s’effondrer l’habitation.
fournisseur d’énergie
Rouvrons les yeux ?
Ce jeune retraité enthousiaste a en fait 97 ans, voici bientôt 40 ans qu’il a fermé la porte d’Eurodif où il a fini sa carrière, à la tête d’une équipe de 260 personnes. 97 ans, et des projets plein la tête, qu’il compte bien voir aboutir, malgré l’atrophie musculaire qui le handicape depuis quelques années.
« Vous voulez voir un vieillard décharné ? », lance-t-il, à peine la porte ouverte, avec un sourire en coin. Pourtant, de l’énergie, Jean n’en manque pas, quand il raconte ses pérégrinations professionnelles, d’apprenti pâtissier à sous-marinier puis ingénieur électricien, enseignant et enfin cadre au CEA puis Eurodif, du Périgord en Indochine, du Cameroun à Bollène.
Un Bollénois engagé
A Bollène, il s’est beaucoup impliqué, responsable de la FCPE puis premier adjoint au maire dans les années 70, avant de se consacrer au Syndicat d’Initiative.
Mais par-dessus tout, sa grande affaire c’est la préservation du village de Barry, dont il connait l’histoire sur le bout des doigts, depuis les premières traces d’occupation préhistoriques jusqu’au quasi abandon de la fin du XIXème siècle.
Pourquoi cette fascination pour Barry ? A peine sa voix se lézarde t’elle un peu lorsqu’il évoque, à Barry justement, ses premiers bals, en 1953, avec sa fiancée, ou les balades du dimanche, après les vendanges, toujours avec celle qui allait devenir sa femme et l’amour de sa vie, Rose-Marie.
Barry au cœur
Une belle histoire qui l’a conduit à entreprendre la rénovation du site, avec l’association des Amis de Barry de 1976 à 1998. Un travail titanesque : réfection des bâtis, domestication de la végétation, sécurisation des falaises, aménagement des chemins et accès… Plus de 20 années, animées par des bénévoles et des « chantiers de jeunes », en commençant par la chapelle en 1976, puis « la majorité des habitats en bordure du chemin, jusqu’après le lavoir et celles situées au long de la calade menant au plateau, jusqu’à la grande grotte servant d’écurie », se souvient Jean.
Amoureux du site, il le sait, il reste énormément à faire. Avec Barry Aeria, qui a pris la relève des Amis de Barry, il compte sur ses successeurs, élus et particuliers pour achever cette restauration qui permettra de sauver ce joyau de Bollène, en faire un lieu de promenade tout indiqué, en pleine nature, avec ses chemins, « ses multiples restanques, ses ouvrages de conduite et d’utilisation des eaux, véritables œuvres d’art ». Avec d’autres, Jean Maupeu a montré la voie.